Ce nouveau numéro de Socle donne la parole à Clotilde Champeyrache, spécialiste du crime organisé. Elle a publié de nombreux ouvrages sur l’économie criminelle. Dans cet entretien, elle souligne avec vigueur à quel point l’infiltration des activités mafieuses dans l’économie légale est un sujet ignoré et nous rappelle que les mafieux ne sont pas gens de « confiance », mais obéissent à une logique d’assujettissement.

« Dès lors que la violence existe, il ne peut y avoir de confiance réelle entre les mafieux. Il s’agit d’une forme d’assujettissement, doublée de l’omerta. »
En quoi l’économie criminelle est-elle « la face cachée de l’économie », pour reprendre le titre d’un livre que vous avez publié aux PUF en 2019 ?
Un étudiant en économie n’entendra jamais parler de l’économie criminelle. C’est un thème complètement occulté chez les économistes. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène. Beaucoup d’économistes pèchent d’abord par excès de confiance. S’ils sont capables de reconnaître l’existence d’un monde illégal, ils l’imaginent parfaitement séparé du monde légal, sans lien aucun avec celui-ci. D’autres encore ont développé une vision pacifiée du monde, voire totalement irénique : l’économie n’existe que parce qu’elle est légale, le marché favorise les méthodes pacifiques et, de toute façon, si quelqu’un adopte un comportement contraire aux lois du marché, celui-ci l’expulsera naturellement.
Il existe enfin des économistes cyniques, qui considèrent que si le crime existe, c’est en vertu de son efficience, et qu’il peut donc être analysé avec des outils économiques standards. Ils décriront par exemple le marché des stupéfiants selon la loi de l’offre et de la demande, avec une création de richesses qui suffira à valider en quelque sorte ce système
« On retrouve une transcription de cette conception dans le fait que les PIB enregistrent aujourd’hui une partie des activités illégales – les pays membres de l’Union européenne y sont tenus depuis 2014. »
Ce glissement progressif dans la façon de penser l’illégal me semble assez préoccupant. Ces économistes cyniques justifient la fraude en col blanc en considérant que si quelqu’un s’y prête dans le monde légal, c’est parce qu’elle apparaît comme l’option économique la plus rationnelle après un calcul coût-bénéfice. Pour lutter contre la fraude, ils appellent donc simplement à la rendre moins attractive
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Bonne lecture !