Accueil Nos belles histoires Lettre socle n°32 : interview de Guillaume Vuillemey

Lettre socle n°32 : interview de Guillaume Vuillemey

Ecrit par Clarisse

Ce nouveau numéro de Socle donne la parole à Guillaume Vuillemey, professeur de finance et économiste, Guillaume Vuillemey analyse dans son dernier livre le clivage entre perdants et gagnants de la mondialisation. Cette dernière ne favorise qu’une fraction d’acteurs économiques, sans jamais conditionner leurs profits à la préservation des biens communs. Pour Socle, il insiste sur la dimension territoriale dans laquelle la confiance doit s’inscrire, afin de garantir la sauvegarde de l’environnement et la cohésion sociale.

Guillaume Vuillemey

« La confiance ne peut exister que de manière territorialisée. Je ne crois pas qu’elle puisse s’inscrire dans l’abstrait, de manière universelle en quelque sorte. »

Quels sont les biens communs évoqués et en quoi sont-ils menacés ?

Les biens communs se trouvent aujourd’hui menacés par la mondialisation. Précisons qu’il s’agit des biens communs, au pluriel, et non du bien commun, au singulier. Si cette dernière notion est d’un usage plus courant, sa définition n’en reste pas moins assez vague la plupart du temps. Les biens communs sont au contraire directement perceptibles. Ils se composent de tous les biens qui revêtent une valeur particulière pour l’ensemble d’une communauté, d’un peuple, d’une nation. Cette valeur, partagée collectivement, ne peut se réduire à celle que chaque individu pourrait y trouver en vue de son intérêt privé. Par exemple, si l’environnement n’est perçu que d’un point de vue utilitaire, notamment comme ressource énergétique ou alimentaire, ou comme un bien pouvant se marchander, sa valeur s’en trouve amoindrie, alors qu’il représente en réalité bien plus. Il est le milieu dans lequel nous vivons tous et qui, en quelque sorte, nous façonne. L’histoire, les traditions, les savoir-faire, les modes de vie, etc., sont d’autres exemples de biens communs, d’ordre culturel, qui contribuent à l’identité et à la permanence d’une communauté politique, indépendamment des valeurs individuelles qui peuvent leur être attribuées.

« Les biens communs possèdent tous une utilité collective objective. Or la mondialisation menace leur pérennité car, historiquement, elle a accouché d’un nouveau schéma juridique. »

Le commerce lointain a toujours existé, que ce soit au Moyen Âge évidemment, dans l’Antiquité ou même en des temps plus éloignés, mais il n’avait rien à voir avec la mondialisation telle que nous la connaissons aujourd’hui. Le commerce se faisait par voie terrestre, ou par voie maritime en pratiquant le cabotage. Par conséquent, chaque bien qui voyageait traversait une multitude d’États ou de subdivisions politiques, et se trouvait soumis aux règles et aux taxes propres à chacune de ces entités. Les droits alors appliqués étaient établis de manière à concilier certains des intérêts des marchands avec la promotion des biens communs locaux. Le commerce restait donc assujetti à une vision politique. Ce modèle a prévalu jusqu’au Moyen Âge.

« À partir des grandes découvertes des XVe et XVIe siècles, le commerce maritime se déploie en haute mer, faisant de plus en plus abstraction des ordres politiques et s’affranchissant de leur fiscalité. »

Ce nouveau paradigme commercial gagne encore en ampleur à partir du XIXe siècle. Dès lors, les intérêts individuels des marchands priment sur les intérêts collectifs des États, dans une recherche toujours plus grande de profit. Un droit commercial se met progressivement en place, afin de satisfaire les intérêts des individus. Alors que le droit civil en vigueur dans les États protégeait traditionnellement les biens communs, il se retrouve peu à peu dépassé par ces principes individualistes et commerciaux. En outre, les États se voient mis en concurrence entre eux : si le droit de l’un ne facilite pas les échanges, les marchands iront profiter des avantages juridiques d’un autre pays. Il en résulte une orientation de plus en plus commerciale du droit civil de chaque entité politique, visant à optimiser les intérêts individuels et délaissant par conséquent la sauvegarde du bien commun local.

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Guillaume Vuillemey

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