Ce nouveau numéro de Socle donne la parole à Ali Laïdi, journaliste, docteur en science politique et chercheur spécialisé en intelligence économique. À l’encontre des idées reçues sur le libre-échange et bousculant les habitudes de pensée, il nous interroge sur la question de la protection. N’est-elle pas la première préoccupation des êtres humains et le premier gage de confiance attendu d’un État par ses citoyens ?

« Par le contrat social, nous acceptons de donner notre confiance à l’État et donc de renoncer à notre légitime défense, en échange de sa promesse de protection. »
Contrairement à une idée reçue, le libre échange n’est-il qu’un concept récent ?
L’objectif des sociétés primitives étant de maintenir leur identité, le commerce représentait, à ce titre, un risque. Il n’était pas du tout perçu comme un moyen d’échange et se trouvait fortement régulé dans sa pratique. Chez les Mayas et les Aztèques par exemple, seuls des groupes sociaux définis étaient autorisés à commercer, et encore devaient-ils le faire dans des lieux neutres, qui n’appartenaient à aucune des deux parties. Au cours du Moyen-Âge, le commerce se développe tout en restant essentiellement limité aux produits de luxe.
« En revanche, à partir des grandes découvertes du XVe siècle, une première mondialisation se met en place. »
Des échanges massifs s’effectuent sur l’ensemble des produits, et notamment sur les nouvelles productions agricoles que sont alors le café, le cacao ou le sucre. Le commerce est encadré soit directement par les États, soit à travers des compagnies. Dans un deuxième temps, la révolution industrielle du XIXe siècle accélère la massification des échanges internationaux en réduisant de moitié les coûts de transport. L’Empire britannique est alors maître des océans grâce à ses victoires politiques et militaires, que ce soit sur le continent américain ou en Inde. Par conséquent, il entre dans son intérêt de promouvoir le libre-échange, et de vilipender le protectionnisme et le mercantilisme, d’un usage pourtant universel à l’époque. En Grande-Bretagne, les fameuses luttes contre les Corn Laws, lois agricoles protégeant le marché des céréales depuis 1773, sont la première bataille idéologique des libéraux anglais. La victoire de ces derniers marque l’avènement de l’ère du libre-échange. Ce concept n’est donc âgé au plus que d’un siècle et demi, alors que les sociétés ont vécu pendant des siècles avec des pratiques protectionnistes.
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