Ce nouveau numéro de Socle donne la parole à Philippe Dewost, pionnier français des technologies numériques. Après avoir cofondé Wanadoo puis exercé des fonctions de direction dans des start-up ou des grands groupes, il revient dans cet entretien sur les ruptures sociétales provoquées par les récentes innovations technologiques et leur impact en matière de confiance.

« À l’ère des technologies numériques, la confiance transitive fondée sur l’humain pourrait permettre des décisions rapides et qualitatives. »
Avec plus de 25 ans d’expérience dans les technologies numériques, Philippe Dewost en est l’un des pionniers français. Ancien élève de l’ENS Ulm, ingénieur du Corps des mines, il a d’abord cofondé Wanadoo puis exercé des fonctions de direction tant dans des start-up ou des grands groupes que dans la sphère publique. Cette expérience multiforme a nourri chez lui une vision très approfondie de la révolution numérique. Il transmet aujourd’hui cette réflexion aux étudiants de l’EPITA, l’École pour l’informatique et les techniques avancées dont il a pris la direction en octobre 2021. Il a également publié en février De mémoire vive – Une histoire de l’aventure numérique aux éditions Première Partie. Dans cet entretien, il revient sur les ruptures sociétales provoquées par les récentes innovations technologiques et leur impact en matière de confiance.
Vous venez de publier De mémoire vive – Une histoire de l’aventure numérique (Éditions Première Partie, février 2022). Pourquoi un tel ouvrage ? Quels sont les changements qui vous ont le plus marqué ?
Il manquait jusqu’à présent des études générales sur la révolution numérique. Les humanités sur ce sujet restent encore trop peu développées, qu’il s’agisse d’une approche historique, philosophique ou anthropologique. Avec près de 25 ans d’expérience dans les technologies numériques et à force d’interventions sur le sujet, j’ai fini par me lancer dans la rédaction de cet ouvrage pour relater l’histoire de cette aventure numérique. Trois grands moments peuvent s’observer au cours de ce temps. Le premier est sans conteste l’apparition et la généralisation d’Internet à une vitesse insoupçonnée à l’époque.
« Internet est venu menacer le monopole des médias diffusés. Il a complètement décentralisé les communications. »
Évidemment, le meilleur comme le pire peuvent coexister. Mais si parmi des milliers de pages personnelles au contenu plus ou moins intéressant se trouvent des pépites d’érudition, qui permettent à des experts d’entrer en relation alors qu’ils n’en auraient jamais eu l’occasion auparavant, c’est une occasion magnifique d’approfondir encore le champ de la connaissance et de la recherche. Internet a d’ailleurs permis l’avènement de Wikipédia, l’une des inventions les plus colossales de notre époque. La seconde rupture se produit aux alentours de 2007 avec l’irruption massive du smartphone, qui modifie considérablement et très rapidement le paysage numérique. En moins de deux ans, Android a gagné plus d’un milliard d’utilisateurs. Un continent comme l’Afrique, alors largement sous-équipé en matériel informatique, est passé directement au smartphone. Ce dernier, en démultipliant la possibilité pour quiconque d’accéder à une information utile, a désenclavé le fonctionnement de nos sociétés, a déverrouillé des usages, jusqu’à s’immiscer dans d’infimes moments de nos existences. La troisième rupture est d’ordre financier et politique, encore difficilement datable avec précision mais survenant après la crise de 2008. D’une part, la surproduction
Pour lire la suite de l’interview de Philippe Dewost, vous pouvez télécharger notre lettre Socle en cliquant ici !

Retrouvez l’ensemble des lettres Socle ici : https://gensdeconfiance.com/fr/socle
Bonne lecture !