Ce nouveau numéro de Socle donne la parole au géopoliticien Michel Foucher. Ce spécialiste des frontières ayant parcouru 125 pays y décrypte les rapports de confiance liant les individus, aussi bien sur le terrain que dans la sphère diplomatique.

« Des forêts tropicales aux salons diplomatiques, la confiance est une et multiforme. »
Agrégé de géographie, docteur en lettres et sciences humaines, Michel Foucher est un géopoliticien reconnu, spécialiste des frontières. Jeune, il parcourait les contrées les plus reculées de notre monde. Au fil des ans, Michel Foucher est devenu conseiller du ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, directeur du Centre d’analyse et de prévision du Quai d’Orsay, ambassadeur de France en Lettonie… Belle synthèse d’un homme alliant l’expérience du terrain à la connaissance des arcanes de la diplomatie ! L’une des clés de sa réussite réside dans la place qu’il accorde à la confiance entre les êtres humains : « La confiance se gagne par l’écoute, par la valeur du questionnement et le recoupement des informations obtenues. La maîtrise des langues, l’ouverture à d’autres cultures mais aussi l’empathie sont les conditions préalables pour des échanges fructueux. »
Dans votre dernier livre, Arpenter le monde– Mémoires d’un géographe politique (Robert Laffont, 2021), vous racontez vos expériences à travers les 125 pays que vous avez parcourus. Quels enseignements en avez-vous tirés ? Comment tisser des liens avec des êtres humains sous des cieux où les us et coutumes diffèrent souvent des nôtres ?
Une curiosité pour les humains et leurs cadres de vie, géomorphologiques et sociaux, prolongeait la lecture des atlas et des récits d’aventure de l’enfance, avec le besoin d’aller vérifier sur le terrain ce que l’adolescent avait lu dans les livres.
Recherche d’une vérité sans doute, et nécessité de nomadiser pour construire les étapes d’un parcours dont j’ignorais le terme professionnel et intellectuel. La confiance se gagne par l’écoute, par la valeur du questionnement et le recoupement des informations obtenues. La maîtrise des langues, l’ouverture à d’autres cultures mais aussi l’empathie sont les conditions préalables pour des échanges fructueux.
« Il faut essayer de comprendre l’autre. »
Le chercheur, à la différence souvent du diplomate (voir plus loin), ne tend pas à imposer son point de vue. J’ai toujours préféré les entretiens de terrain aux audiences dans les bureaux anonymes détenteurs de statistiques – par ailleurs indispensables à la cartographie.
Ce qui m’a le plus appris dans ma formation de chercheur géographe fut de découvrir les traces, dans les territoires étudiés, des politiques conduites, notamment en Afrique anglophone et au Proche-Orient (Israël, Palestine mais aussi Liban). Comme j’ai pu l’écrire, l’apartheid se voyait d’avion, en observant les configurations foncières ségrégées d’Afrique du Sud. À partir de ces découvertes, je n’ai cessé de lier géographique et politique. Ce faisant, j’encourais le risque d’une mise à distance des êtres humains au profit de la compréhension des stratégies. Il me semble que j’y ai veillé en gardant le souci du terrain. Encore aujourd’hui, en cette période sédentaire où je conduis en France, pour le Quai d’Orsay, une réflexion sur l’Europe dans la perspective de la présidence française du Conseil de l’Union européenne (premier semestre 2022), j’échange avec des acteurs de terrain – céréaliers, éleveurs et membres d’associations dans les territoires apprenants.
Pour lire la suite de l’interview de Christian Harbulot, vous pouvez télécharger notre lettre Socle en cliquant ici !

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Bonne lecture !